#1
Je roule comme un zombie depuis déjà un bon moment. La route se déroule comme un long tapis noir que la Camaro avale quasiment toute seule.
J'arrive à la frontière Canadienne, le douanier regarde ma bagnole puis m'adresse un signe sympa. Le pouce en l'air d'une main, il me fait signe de passer de l'autre. Ma caisse lui a plus, une chance pour moi.
Je pique du nez sur mon volant de plus en plus. Ça commence à devenir vraiment dangereux. Je m'arrête sur une aire de repos pour pisser un coup et me dégourdir les pattes.
J'achète une carte du coin au drugstore et la déplie sur le capot de la bagnole. Je la regarde en me buvant un café. Si je ne me plante pas, Vancouver ne devrais plus être très loin. Je devrais bien arriver à me trouver un hôtel pour y passer la nuit.
Je replie la carte et remonte en voiture. Le moteur démarre au quart de tour comme d'habitude et je quitte l'aire de repos sur un filet de gaz après avoir fait le plein. Je m'insère sur l'autoroute et me dirige vers Vancouver.
La Cam' avale les bornes sans sourciller, elle est plus résistante que moi. J'entre enfin dans Vancouver. C'est la première fois que je monte autant au nord. J'espère que les hommes de Stinger ne viendront pas me chercher par ici.
* Bon, faut qu'je trouve un hôtel pour la nuit. *
Je croise un panneau indiquant le Barclay Hotel. Je prends cette direction et trouve un petit hôtel enfoncé entre deux immeubles. Une place de parking est libre juste devant, je gare la voiture et coupe le moteur.
Je lâche un grand soupir avant de m'étirer. Je viens de me faire plus de 4000 km en 5 jours. J'ai besoin d'un lit pour roupiller parce que dormir dans un siège baquet est loin d'être parfaitement reposant.
Je descends de la voiture et récupère mon sac dans le coffre avant de pousser la porte de l'hôtel.
Le connard qui sers de réceptionniste ferais plutôt tâche dans un Hilton mais il fait très couleur locale ici. Ça doit être du aux tâches de gras qui maculent sa chemise et à la couche de crasse qui orne ses mains. Il est vautré dans un fauteuil à regarder la télé en tournant le dos à la porte.
- Bonjour.
- Ouais, quoi?
Cet enculé ne s'est même pas retourné.
- Y'm'faudrait une piaule.
Ça y est il se lève enfin.
- Ça tombe bien, on en a.
...
Combien de temps.
- On va commencer par une nuit.
- Ça fait 30$, payable d'avance.
Ça m'aurais étonné aussi que ce mec ne me demande pas le fric d'avance. Je lui sors l'oseille et lui pose sur le comptoir. En échange, il pose la clé devant moi.
- Chambre 203, deuxième étage. Oubliez l'ascenseur, il est en panne depuis une semaine.
Je ramasse la clé et mon sac puis grimpe jusqu'à la piaule. En entrant, je remarque tout de suite que le service de chambre laisse à désirer. Les lits sont faits, mais j'ai un gros doute sur la propreté des lieux et des draps.
Cela ne m'empêche pas de m'écrouler tout habillé sur le pieu sans même enlever mon artillerie ou mes pompes.